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Lectures
7 décembre 2015

Le météorologue

9782021168884

 

 

 

 

 

 

 

 

« Le météorologue »

ROLIN Olivier

(Seuil)

 

« Son domaine, c’était les nuages. » Celui d’Alexeï Féodossiévitch Vangengheim. Né en Ukraine en 1881. Dans une famille de « petits » nobles. Mais converti au bolchevisme au lendemain de la Révolution d’Octobre. Directeur du Service hydro-météorologique de l’URSS dès 1929. Arrêté en 1934. « Saboteur ». Transféré dans un goulag pas très loin du cercle polaire. Exécuté lors des sanglantes purges de la fin des années trente.

Un succinct résumé de la destinée d’un homme dont la foi dans le « socialisme réel » l’accompagna jusqu’au seuil de la mort. Une destinée que narre Olivier Rolin à travers les lettres que Vangengheim destina à son épouse. Missives dans lesquelles le météorologue énumère, entre autres, ses appels au Petit Père des Peuples, le camarade Staline, dans l’espoir d’une révision de l’inique procès auquel il fut soumis. En vain.

L’émouvant témoignage conforte la colère du Lecteur. Bien évidemment à l’encontre de ce qui fut, de l’arbitraire, des crimes qui décimèrent la jeune société soviétique. Mais aussi à l’encontre de lui-même qui se voila la face en ses vertes années, lorsqu’il s’engagea dans la défense et l’exaltation d’une cause pervertie depuis tant et tant d’années. Avec les interrogations qui sont aussi celles d’Olivier Rolin. « On se prend à se demander ce qui se serait passé si la folie de Staline, décapitant toutes les élites du pays, scientifiques, techniques, intellectuelles, artistiques, militaires, décimant la paysannerie et jusqu’à ce prolétariat au nom de quoi tout se faisait, dont l’URSS était supposée être la patrie, n’avait pas substitué, comme ressort de la vie soviétique, la terreur à l’enthousiasme. »

Si ? L’Histoire est écrite. En lettres de sang. « Allons, ne rêvons pas », assène l’Auteur. Le Lecteur, lui, n’a toujours pas envie de renoncer. Non plus pour lui-même et celles et ceux de sa génération. Mais pour les générations à venir qui auront à tenter de construire, à leur tour, un monde de justice et de fraternité. Sous peine de devenir les acteurs « malgré eux » de la fin de l’Histoire globale, celle de l’Humanité. Qu’elles rêvent, ces générations de ses petits-enfants ! Qu’elles ne s’engluent ni dans la résignation ni dans le conformisme. Alors peut-être sera-t-il possible d’écrire qu’Alexeï Féodossiévitch Vangengheim et tous les autres rêveurs de ce temps-là ne sont pas morts pour rien.

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