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Lectures
10 juillet 2015

La condition pavillonnaire

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« La condition pavillonnaire »

DIVRY Sophie

(NOTAB/LIA)

 

L’art de raconter une vie, une vie de femme. En usant d’une musique singulière qui enchanta le Lecteur. Malgré de fugitives réticences nées, peut-être, de quelques dissonances. Mais un roman d’une facture originale qui donc ne laissa pas insensible le Lecteur. La vie de MA. Une enfance et une adolescence racontées au pas de course. Un milieu modeste mais des études qui l’autorisent à envisager un devenir professionnel. La rencontre avec François. Le mariage. L’achat de la maison. Les naissances. Les ambitions édulcorées. Mais une existence confortable. Dans le Dauphiné, entre Grenoble et Chambéry, qui s’urbanise. Les contraintes quotidiennes. La scolarité des enfants. Le voisinage avec les beaux-parents. Mais aussi l’ennui, les frustrations. Jusqu’à la rencontre avec l’amant, l’homme qui ranimera provisoirement la flamme. Jusqu’à l’instant de la trahison et donc du repli dans les conformismes du quotidien. Jusqu’au vieillissement. Jusqu’à l’inéluctable.

Cet énoncé abrupt ne sert que de camouflage. Le roman raconte quelque chose à la fois d’infiniment plus dense et plus subtile. Aux yeux du Lecteur, il n’apporte pas de jugement sur le cheminement que se choisit MA. Il suit le parcours d’une vie dont le bilan a peut-être mal répondu aux ambitions initiales. Malgré les enfants (puis les petits-enfants) ; malgré le mari plus attentionné qu’aimant. Derrière les écorchures, sous les croûtes qui peinent à cicatriser, surgissent des fulgurances qui illuminent le récit. MA n’est pas une Bovary contemporaine. MA est d’une autre nature, de celles que façonnent les sociétés d’aujourd’hui. Une femme en équilibre instable, qui n’atteint pas à qui lui était promis, mais qui parvient à survivre en camouflant ses blessures et en laissant croire (y compris au Lecteur) que, somme toute, son bilan à elle est loin d’être négligeable.

« De ce mariage, il est resté une photo officielle, longtemps posée sur la commode de votre chambre, tel un petit radiateur sentimental réchauffant ton quotidien. Plus tard elle sera rejointe par celles de tes enfants, des petits-enfants, leur baptême, leur propre mariage, tu finiras par confondre toutes ces cérémonies… »

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