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Lectures
17 avril 2015

Les inoubliables

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« Les inoubliables »

PARISIS Jean-Marc

(Flammarion)

 

Un bouquin nécessaire en ces temps des incertitudes, des violents retours en arrière. Parisis se confronte une photographie en noir et blanc, une photographie de cinq enfants juifs réfugiés dans un village de Dordogne (La Bachellerie). Des enfants dont le père fut fusillé par les nazis et qui seront déportés, avec leur mère, jusqu’à Auschwitz. Parisis s’évertue à trifouiller parmi ses souvenirs, mais aussi à comprendre pourquoi nul ne lui a jamais (ou si peu) parlé de ces tragiques évènements. Il mène une patiente enquête qui le conduit sur la piste des très rares survivants. Dont Benjamin Schupack. Avec lequel il noue le dialogue. Qu’il interroge et se heurte aux réticences de celui qui n’a guère envie de replonger dans un passé douloureux, sa mère et son frère cadet ayant également été déportés.

Les Inoubliables. Comme un contre-point à l’effacement plus qu’à l’ignorance. La nécessité de vivifier la mémoire, de rappeler l’indicible à ces générations pour lesquelles cela ne serait plus qu’un moment déjà lointain de l’Histoire. Avec cette préoccupation constante, dans ce pays qui paraît comme fasciné par les Marinasseries, de démonter le mythe de la France globalement « résistante », alors même qu’une majorité succomba aux délices du pétainisme et de la collaboration. Pourquoi donc le Lecteur qui fut nourrit dès son enfance de ce mythe-là ignora-t-il si longtemps qu’à si peu de kilomètres de la ville où il naquit au mitan de la Guerre, un camp fut érigé par les nazis afin d’enfermer et de « trier » des juifs venus d’Anvers et de quelques autres cités belges, séjour préalable à leur ultime voyage vers les camps de la mort ? Une découverte incidente, fortuite, alors qu’il s’en revenait, sur l’autre rive de la Meuse, vers le maquis des Manises où une centaine de jeunes gens furent massacrés par les mêmes nazis le 13 juin 1944. Pourquoi quelques années plus tard lui enseigna-t-on, pourquoi exalta-t-on le sacrifice des seconds sans jamais avoir ne serait-ce qu’évoqué devant lui le martyr des premiers ? Des Inoubliables eux aussi.

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