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Lectures
1 décembre 2014

Pour les musulmans

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« Pour les musulmans »

PLENEL Edwy

(La Découverte)

 

Le livre refermé, et dans un premier mouvement, le Lecteur avait approuvé dans sa globalité le propos d’Edwy Plenel. Un peu plus d’un siècle après Emile Zola, le directeur de Médiapart s’inscrit en effet dans le sillon tracé par l’auteur de « Pour les juifs » (« Ah ! cette unité humaine, à laquelle nous devons tous nous efforcer de croire, si nous voulons avoir le courage de vivre, et garder dans la lutte quelque espérance au cœur ! C'est le cri, confus encore, mais qui peu à peu va se dégager, s'enfler, monter de tous les peuples, affamés de vérité, de justice et de paix. Désarmons nos haines, aimons-nous dans nos villes, aimons-nous par-dessus les frontières, travaillons à fondre les races en une seule famille enfin heureuse ! Et mettons qu'il faudra des mille ans, mais croyons quand même à la réalisation finale de l'amour, pour commencer du moins à nous aimer aujourd'hui autant que la misère des temps actuels nous le permettra. Et laissons les fous, et laissons les méchants retourner à la barbarie des forêts, ceux qui s'imaginent faire de la justice à coups de couteau. »)

Le propos d’Edwy Plenel est d’une grande limpidité. « Sous le prétexte d’une protection contre l’étranger, menace extérieure qui, inévitablement, prend le visage de l’ennemi intérieur (le juif hier, le musulman – ou, indistinctement l’Arabe – aujourd’hui), cette idéologie de la préférence prétendument nationale propose ce bonheur vénéneux de rejeter ensemble, y compris la France telle qu’elle est et telle qu’elle vit. En vérité, elle n’est que l’alibi de dominations perpétrées et renforcées : quand les opprimés se font la guerre au nom de l’origine, les oppresseurs ont la paix pour faire affaire, c’est-à-dire des affaires. Leurs affaires privées au détriment de l’esprit public ; cette course folle à l’accumulation où se creusent, comme jamais, des inégalités proprement insupportables. »

Le Lecteur partage cette analyse, tout comme il se reconnait dans l’approche qui est celle de l’Auteur sur les questions de la laïcité, une laïcité telle qu’elle fut pensée et mise en forme par les « pères » de la République. Le Lecteur condamne lui aussi avec véhémence les discours aberrants qui furent l’œuvre des penseurs d’une droite bradant, à l’instigation de Claude Guéant et de Nicolas Sarkozy, relayés depuis par Manuel Valls, les valeurs républicaines. « De Claude Guéant à Manuel Valls, sous la dissemblance partisane, d’une droite extrêmisée à une gauche droitisée, nous voici donc confrontés à la continuité des obsessions xénophobes et, particulièrement, antimusulmanes. Nul hasard si, entre deux évocations de l’immigration et des étrangers, la figure montante du Parti socialiste désignait une religion en tant que telle comme un adversaire potentiel de la démocratie. »

Oui, les dérives sémantiques font peser de lourdes menaces sur la démocratie. Il est donc grand temps non seulement de réagir, mais aussi d’opposer aux discours simplistes, aux discours identitaires, aux discours xénophobes, une Parole fraternelle, une Parole d’ouverture et d’écoute. Reste tout de même à se prémunir contre le piège de l’angélisme. L’individu qui a foi en un dieu n’évolue pas dans une sphère autonome. Il appartient à une église, ou à ce qui lui ressemble. Laquelle église est une structure hiérarchisée, qui cherche à soumettre chacun de ses membres à ses diktats, qu’elle fût à la dimension de la catholique ou à des échelles plus réduites. Le Lecteur ne croit pas un seul instant que ces machineries aient le moindre désir d’accompagner des mouvements d’émancipation et de libération des individus. Il ne faudrait donc pas ignorer la nécessité de créer les rapports de force qui la (les) contraindront à ne pas déborder du cadre de ses (leurs) prérogatives. Ce que révélèrent certaines manifestations printanières qui outrepassèrent le seuil de l’intolérance alors même qu’agissaient dans l’ombre des prélats vaticancaneurs. Voilà ce que sont, très succinctement résumées, les réserves du Lecteur sur un ouvrage qu’il considère cependant d’utilité publique mais dont Il pense qu’il n’a pas traité de la globalité de la question qui est au cœur du propos d’Edwy Plenel.

"Pour les musulmans", le cri d'alarme d'Edwy Plenel

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