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Lectures
30 juillet 2014

Dire non

9782359492873FS

 

 

 

 

 

 

 

« Dire non »

PLENEL Edwy

(Don Quichotte)

 

Le Lecteur pourrait presque faire sien ce livre réquisitoire contre les fauteurs de troubles et en particulier le premier d’entre eux l’Affligeant Monarque, ultime ( ?) fossoyeur de la République. Car c’est bien de la République qu’il s’agit, maltraitée, meurtrie, décomposée, mise en lambeaux au gré des exigences des tenants du Grand Désordre Capitaliste. Et c’est d’Elle qu’il s’agit pour qui veut tenter de rendre à l’Etat l’ensemble de ses prérogatives, de retrouver le goût et la passion des autres, de réinventer des relations sociales désentravées de la domination des princes de la Finance.

Oui, le Monarque d’aujourd’hui n’est qu’une copie conforme de celui qui le précéda. « Tout comme la présence, aussi visible que subliminale, d’une tapisserie évoquant les amours du roi de Perse et de sa nouvelle favorite, ce fut sans doute l’évènement le plus manifeste et pourtant le moins discuté de la première conférence de presse élyséenne de l’année 2014 : l’affirmation définitive du pouvoir sans partage d’un homme seul qui décide et tranche, fixe les priorités et impose les choix, efface la gouvernement et ignore le Parlement. Une accentuation présidentialiste qu’annonçaient déjà les vœux du 31 décembre 2013, où légiférer n’était plus qu’une formalité –« une loi sera votée » - tandis que les ordonnances détrônaient la délibération parlementaire. Les différences de personnalités n’empêchant pas la similitude essentielle : à l’instar de la présidence sarkozyste, la présidence hollandaise se décline à la première personne du singulier. »

Oui, ces pratiques préludent au pire. « Pour la gauche dont se réclame le Parti socialiste – même si certains, plus à gauche, lui dénient désormais cette appartenance – s’engager plus avant dans cette voie du bon plaisir d’un seul, continuer à démobiliser  collectivement les siens, persister à désespérer ceux qui ont cru au changement, c’est la voie assurée de la débâcle. La politique ayant horreur du vide, ce renoncement démocratique laisse aux droites extrêmes de la démagogie, du mensonge et de l’imposture, bien plutôt qu’à la gauche radicale, le terrain de l’agitation et de la colère, au nom des libertés et des injustices, alors même qu’elles ne sont en rien les héritières des audaces et des inventions républicaines qu’au contraire elles ont toujours combattues. »

Oui, et parce qu’un ministre, de l’Intérieur et prétendument socialiste de surcroît, jeta aux Médiatouilleurs des phrases insensées, il est nécessaire de rappeler que d’autres voix firent entendre l’éclatante symphonie qui exalte l’égalité et la fraternité. « … utile rappel (celui de Fanon et de son roman « Peau noire, masques blancs ») que la haine de l’autre est toujours une perdition de soi : « C’est mon professeur de philosophie d’origine antillaise que me le rappelait un jour : « Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. » Et je pensais qu’il avait raison, universellement, entendant par là que j’étais responsable, dans mon corps et dans mon âme, du sort réservé à mon frère. Depuis lors, j’ai compris qu’il voulait simplement dire : un antisémite est forcément négrophobe. » Je ne me lasserai jamais de citer Fanon, tant ces évocations montrent combien, quels qu’en furent les violences ou les égarements, le refus du colonialisme, tout autant que du fascisme ou du nazisme, pouvait élever la conscience et porter l’humanité au plus haut. »

Le Lecteur n’ira plus loin dans l’exercice des citations. Des citations qui démontrent que Plenel accomplit une œuvre salutaire, une œuvre de fort bon aloi en ces temps très troublés, en ces temps d’incertitudes. L’ensemble de l’ouvrage, qui n’est pas un catalogue de solutions clefs en main, fait mieux que réveiller la conscience : il l’incite non seulement à participer à la défense des valeurs que l’on disait républicaines mais aussi à s’engager dans le mouvement d’extension de ces valeurs-là aux conditions actuelles imposées aux hommes de ce temps par les tenants du Grand Désordre Capitaliste.

 

 

 

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