Solaire

« Solaire »

McEWAN Ian

(Gallimard)

Etrange roman dont le Lecteur ne parvient pas à déterminer ce qui l’emporta chez lui de la fascination ou de l’irritation. La fascination pour ce qui prend toutes les apparences d’une farce mâtinée d’une fable : l’histoire d’un prix Nobel de physique, escroc et suborneur. L’irritation consécutive à la récupération de thèmes très prisés dont, et en tout premier lieu, celui de la question du réchauffement climatique.

Le récit a donc entraîné le Lecteur aux basques de Michael Beard, ce scientifique de haute volée, et qui très vite tira de confortables profits de sa rente de situation. D’autant mieux qu’il fit siens les travaux d’un de ses jeunes collaborateurs décédé dans de troublantes circonstances à l’intérieur même de la demeure qu’il occupait alors avec son antépénultième épouse. De conférences en colloques, le physicien fait peu à peu entendre une voix somme toute conforme tout en s’essayant à vendre aux naïfs américains une technologie révolutionnaire censée s’inscrire dans la lutte contre les dérèglements climatiques.

A ce niveau-là, le portrait du personnage, qui frôle en permanence la caricature, s’apparente à une critique au vitriole d’une certaine société scientifique. Là où le propos de McEwan a irrité le Lecteur, c’est dans cette sorte de globalisation qui finit par induire l’idée que certains des débats contemporains sur les questions de l’environnement relèveraient, peut-être pas de la fiction, mais à tout le moins d’une construction idéologique. Reste tout de même le parcours d’un personnage bien ancré, lui, dans les réalités, contemporaines elles aussi, au sein desquelles l’argent occupe la place centrale. Odieux, vulgaire, médiocre, Michael Beard est le prototype de ces individus obnubilés pat leur réussite individuelle qui se mesure bien évidemment au niveau de leur compte en banque.