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Lectures
17 mai 2013

En attendant Robert Capa

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« En attendant Robert Capa »    

FORTES Susana

(10/18) 

 

Celle qui attend : Gerda Taro. Gerda Pohorylle de son vrai nom, juive allemande exilée à Paris dès les premiers temps du nazisme. Celui qui est attendu : Robert Capa. André Friedmann de son vrai nom, hongrois antifasciste et photographe. Ces deux-là se sont donc connus à Paris. Amis. Amants. Complices. C’est Gerda qui, entre autres, eut l’idée d’affubler André Friedmann d’un nouveau nom et d’un nouveau prénom, Robert Capa, devenu pour les médias d’alors « photographe américain ». Initiée à l’art de la prise de vue photographique par sa « création », elle accompagne Robert Capa en Espagne pour couvrir cette guerre qui constitua comme un hors d’œuvre à la Seconde Guerre Mondiale. Là où elle succombera, première photographe tuée dans l’exercice de son métier.

(Gerda Taro est inhumée au Père Lachaise. Elle fut enterrée le 1 août 1937. Pablo Neruda et Louis Aragon prononcèrent son éloge funèbre.)

Le récit donne la part belle à Gerda Taro. Il fonctionne comme une réhabilitation de celle qui est trop souvent considérée comme une collaboratrice de Capa. Alors qu’elle laisse une œuvre originale, une œuvre singulière dont l’essentiel provient de ses témoignages sur la Guerre d’Espagne. Cette part-là du récit est d’une excellente facture. Elle laisse en effet découvrir une jeune femme fière de son indépendance, amoureuse certes de Capa, mais pas au point de sacrifier son devenir au service de son amant et confrère.

La part consacrée à l’évocation de la Guerre d’Espagne ne présente qu’un intérêt négligeable. Susana Fortes se contente de reproduire les poncifs consensualistes. Les ignobles fascistes, ce que nul ne conteste. Des forces républicaines divisées et concurrentes. Ce qui contient une part de vérité. Ce qui mériterait toutefois une relation plus nuancée. Les gentils du POUM (trotskistes) dans une version conformément orwellienne, les anars inorganisés, turbulents, mal commodes et les bolcheviques qui ont dissimilé leurs couteaux dans les poches de leurs pantalons. 

Mais le Lecteur ne fera pas la fine bouche. Ce récit apporte sa pierre sur ces personnages d’exception qui s’engagèrent avec tant de générosité dans la lutte contre le fascisme. Pour ce qui concerne l’Histoire, il est, vu son grand âge, en mesure de faire la part des choses. D’autant plus aisément qu’une romancière n’est point historienne.

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