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Lectures
8 mars 2013

La servante et le catcheur

servante

« La servante et le catcheur »

CASTELLANOS MOYA Horacio

(Métailié)

 

San Salvador. Fin des années soixante-dix. La dictature vacille face aux assauts des mouvements révolutionnaires. Le Viking, vieux flic au bout du rouleau, participe aux opérations destinées à terroriser celles et ceux qui veulent en finir avec cette dictature. De son côté, Maria Elena, femme de ménage au service d’une riche famille salvadorienne, découvre que ses jeunes patrons se sont volatilisés. Quelques confidences distillées par des voisins lui permettent très vite de comprendre que les flics sont à l’origine de cette disparition. Elle va alors tenter de retrouver le Viking, cet ancien catcheur qu’elle connut dans un passé déjà lointain. Ce faisant, elle se confrontera aux violences perpétrées par la soldatesque à la solde d’un régime moribond ainsi qu’aux multiples combats de rue. Jusqu’à ce que l’effroyable réalité lui soit révélée.

Le propos de Castellanos Moya (écrivain révélé par la maison d’édition québécoise « Les Allusifs) n’est pas de raconter ce que fut l’histoire des derniers jours de la dictature salvadorienne. A quelques exceptions près, et de façon marginale, les principaux protagonistes en sont en effet absents. Il dissèque de manière quasi chirurgicale les processus d’une violence certes initiée par ceux qui s’accrochent au pouvoir mais à laquelle répond, sous des modalités différentes, la violence dont usent les groupes qui ont engagé un combat à la vie à la mort contre la dictature. Ce propos n’est pas neutre. Le tableau que brosse l’écrivain des troupes à la solde des maîtres du Salvador ne laisse place à aucun doute. Mais la description détaillée des méthodes auxquelles ont recours les jeunes révolutionnaires laisse entrapercevoir ce que pourraient devenir leurs pratiques dès qu’ils accéderaient au pouvoir. Ce roman fut reçu par le Lecteur comme celui du désenchantement. La geste révolutionnaire, dès lors qu’elle s’adosse à la violence, dès lors qu’elle légitime la violence, contient en germe les tares du système politique en devenir. Un étrange et fulgurant raccourci qui résume les dévoiements des révolutions au cours du 20° siècle (et qui anticipe peut-être sur le dévoiement des révolutions du 21° siècle ?).

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