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Lectures
27 décembre 2012

Zanzaro Circus

léger

« Zanzaro Circus »

LEGER Jack-Alain

(L’Editeur)

 

Qu’il ait écrit sous des noms aussi divers que Melmoth, Dashiell Hedayat, Paul Smail et même Eve Saint-Roch, Jak-Alain Léger n’a jamais laissé le Lecteur indifférent. Bien au contraire, car passionné le plus souvent, emporté par une écriture parmi les plus originales, bousculé par un souffle d’une puissance parfois exceptionnelle. « Zanzaro Circus », point de départ d’une autobiographie longue de sept volumes ( ??), l’a bien souvent enthousiasmé.

Jack-Alain Léger narre les premières années de la vie d’un jeune écrivain tôt reconnu et encensé par la critique (et qui faillit devenir une star du showbiz). Cet écrivain-là est tout naturellement convié à rencontrer les personnalités les plus éminentes de la littérature, des arts, du spectacle, mais aussi de la philosophie des années soixante-dix. Se juxtaposent les portraits de celles et ceux que la Médiatouillerie porta au pinacle. Donc rien de mieux que le jeu des citations pour donner l’envie de lire cet ouvrage-là.

Derrida ?  « A ma droite, Derrida, bouffon bouffi de suffisance. Derrida le grammatologue. Derrida et ses dadas : le concept d’étron, la structure d’éperon, la tranche, la trace. Derrida, pas 40 ans et, d’ores et déjà, un des plus grands imposteurs du XX° siècle, qui jusqu’à présent n’a pas été chiche en penseurs bidons… Derrida, l’obscurantiste sous couleur de déconstruction (manière maniériste, étirée, chichiteuse, faux derche, de dire destruction, ce qui est le fond des choses : Derrida est un nihiliste). Derrida, le liquidateur des Lumières, l’adversaire de la Raison… »

Lazareff ? Après avoir rappelé l’abominable nuit du 17 octobre 1961, Léger s’en prend à la façon dont France-Soir (dont Lazareff fut le grand patron) relata les crimes perpétrés par la flicaillerie franchouillarde aux ordres de Papon. « Non pas tués mais abattus, comme l’écrit alors France-Soir quand il s’agit alors de ratons, de bicots, de bougnoules, pour dénier à ces hommes leur humanité. Car c’est le gibier ou le bétail de boucherie qu’on abat ; les hommes, on les tue, on les massacre, on les assassine… Mais aux yeux de Lazareff, du grand Lazareff que le Tout-Paris, les affaires, le spectacle, le sport, la justice, la mode, la politique, gauche et droite confondues, révèrent : quel grand homme ! quel grand bonhomme ! – au vrai, un homme de main, à la botte, l’abject exécuteur des basses œuvres de la presse, le cynique zélé serviteur dont a besoin tout régime fort, tout pouvoir autoritaire, un Fouché patron du quotidien le plus lu -, aux yeux de Lazareff, ces Arabes n’en sont pas tout à fait, des hommes. On peut les abattre. »

François Verny ? La Papesse de l’Edition ! (Paix à ses cendres !) « Car jamais la Grosse n’emploierait le mot écrivain. Pour la Grosse, il n’y a que des auteurs. Et la Grosse, vous allez rire, la Grosse, elle voulait me coacher (je la cite) ! elle voulait m’apprendre à cibler et à fidéliser mon lectorat (je la cite) ! Pouffiasse ! Mais la Grosse cache sous sa peau de vache un cœur de midinette : la midinette qui oublie un moment qu’elle est conne, grosse, moche, pas baisable, en sniffant du glamour et de la grande vie sur papier glacé dans Paris-Match. La Grosse n’a qu’une obsession, du reste elle ne s’en cache pas, elle en parle ouvertement, elle le revendique comme son originalité chez Grasset où le reste de la maison fait encore vaguement semblant d’avoir des ambitions littéraires, de publier de bons écrivains, non, elle, elle n’a qu’une obsession : le succès hollywoodien… »

Le Lecteur s’arrête là. Ces trois citations administrent la preuve que Léger n’a pas « fait dans la dentelle ». Pour la bonne cause. En usant de cette écriture tellurique qui est sa spécificité. La suite est bien évidemment attendue avec impatience.

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