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Lectures
7 novembre 2012

Notre-Dame du Nil

nd

« Notre-Dame du Nil »

MUKASONGA Scholastique

(Continents Noirs/Gallimard)

 

Le Lecteur avait entrevu Scholastique Mukasonga lors d’une édition des cafés littéraires que propose chaque automne la ville de Montélimar. Elle y présentait alors un roman fort attachant, « La femme aux pieds nus ». Jeune femme timide, jeune femme réservée, qui semblait destinée à exorciser l’infiniment douloureux souvenir du génocide rwandais. Thème vers lequel, ce jour-là, la renvoyait en permanence la quasi-totalité de ses auditeurs. Avec « Notre-Dame du Nil », le Lecteur s’autorise à considérer que Scholastique Mukasonga s’affirme désormais comme une écrivaine. Même s’il est évident qu’il lui est impossible de s’affranchir du génocide rwandais. Que ce génocide restera le matériau essentiel de sa création littéraire. Mais que son propos s’élargira, se diversifiera. Ce que démontre ce tout nouveau roman. L’histoire de quelques adolescentes encloses dans un lycée érigé aux sources du Nil. Un établissement scolaire placé sous la férule de gens d’église, loin des tentations terrestres que laisse entrevoir la grande ville.

Elles sont quelques-unes d’origine tutsi à y avoir été admises, sur les bases de quotas ethniques (10% du total des élèves), l’essentiel des places étant réservées aux jeunes filles appartenant aux familles aisées qui détiennent le pouvoir, d’origine hutu celles-là. Le roman s’ancre dans l’avant génocide, dans ce temps où naît le tumulte à venir. Ce tumulte dont les prémices se laissent entendre dans l’enceinte étouffante du lycée. Même si naissent des amitiés transversales. Même si dans la proximité survit un étrange personnage, un héritier de l’ère coloniale (belge), peintre et anthropologue. Même si la reine des belgiens, en visite dite officielle, a prévu de s’arrêter dans cet établissement. Les signes avant-coureurs du pire se laissent deviner. Ceux que ne soulignent pas Scholastique Mukasonga ; ceux qu’elle laisse entrevoir, dont elle esquisse à peine les contours.

« Notre-Dame du Nil » est un grand et beau roman. Avec une écriture, un style. Un roman sans complaisance. Et c’est bien cela qui a enthousiasmé le Lecteur.

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