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Lectures
11 mai 2012

Une haine de Corse

corse


« Une haine de Corse »

FERRANTI Marie

(Gallimard)

 

Voilà donc « l’histoire véridique de Napoléon Bonaparte et de Charles-André Pozzo di Borgo ». Ou quasiment véridique. Donc un objet éditorial difficilement identifiable que le Lecteur s’autorise cependant à qualifier d’aragonien. Certes, Marie Ferranti prend la précaution de préciser dés son avertissement : « Je signale au lecteur que tout ce qu’il lira est exact ». Les dates. Les événements. Les personnages. Mais, quelques lignes plus bas, l’auteure précise  tout de même: « Cependant, des impressions et des sentiments m’appartiennent. » Avant que de conclure cet avertissement : « Cela pourrait être une définition convenable de ce que certains, de nos jours, appellent un roman, dont justement le romanesque serait banni. »

Voilà. Voilà l’Histoire telle qu’elle fut, il y a bien longtemps, enseignée au Lecteur. Ou, et pour être plus précis, telle qu’il a l’impression, et non le souvenir, qu’elle lui fut enseignée. Car au bout de tout ce temps, et soit donc plus d’un demi-siècle, sa mémoire ne lui restituait de Napoléon Bonaparte, avant d’ouvrir cet ouvrage, que les faits d’armes les plus glorieux ainsi que la défaite de Waterloo qui signifia la fin de l’Empire (le premier). Laquelle mémoire n’avait pas gardé la moindre trace du nom de Charles-André Pozzo di Borgo. Un Charles-André Pozzo di Borgo dont Marie Ferranti semble parfois ne savoir trop quoi faire dans cette histoire pourtant véridique sensée conter les relations tumultueuses entre les deux corses qui sillonnèrent, de manière fort différente et conflictuelle, l’Europe du début du 19° siècle. A peine réductibles, l’un et l’autre, à leurs fonctions respectives (mais qu’il serait hasardeux de confiner dans des termes exclusifs), mais que relient les références et une commune admiration à l’égard de Paoli. Deux personnages dont il est légitime d’affirmer qu’ils auraient pu être mis en scène par Stendhal et (ou) par Aragon. Afin d’échapper à l’Histoire et pour mieux s’insinuer dans l’univers romanesque. Car, en dépit des contraintes qu’impose l’approche de l’Histoire, c’est bel et bien une œuvre romanesque que propose Marie Ferranti. Avec le recours à tous les artifices du mentir vrai. Somme toute, et aux yeux du Lecteur, une post aragonisation plutôt réussie.

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