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14 mars 2012

Les vieux fous

belezi

« Les vieux fous »

BELEZI Mathieu

(Flammarion)

 

Mathieu Belezi revisite une fois encore l’histoire de la colonisation. Celle de l’Algérie, débutée dès 1830. Une histoire qu’il explicite à travers la vie du même personnage, sabreur picaresque au temps de la conquête puis pantin pitoyable lorsque le colonisateur reflue dans le tumulte des derniers soubresauts orchestrés par l’OAS. Le roman est une condamnation sans appel de la colonisation. Son histoire, incarnée par ce personnage obscène, cet Albert Vandel qui manie le sabre et s’absout dans les circonvolutions du goupillon lors de la conquête avant de devenir le potentat propriétaire d’immenses domaines, cette histoire donc s’écrit dans ses faits les moins glorieux, les plus abominables. Mathieu Belezi ne cherche en aucune façon à justifier ce que les nostalgiques appellent, aujourd’hui encore, « la présence française ». Pas plus qu’il ne s’essaie à lui concéder des circonstances atténuantes.  Son Albert Vandel illustre ce qui est la négation même de ce que la France prétend incarner. Mais, au fond, il n’est que le reflet de ce que cette France-là lui a permis qu’il devienne. C’est-à-dire ce qui fit injure aux Lumières, ce qui déshonora cette république qui prétendait alors (et prétend, aujourd’hui encore)  incarner les droits de l’homme. Un roman dont la langue aux accents rabelaisiens a parfois dérouté le Lecteur. Mais un roman dans lequel il s’est immergé, dont il s’est imprégné et qui vibre en lui à la façon d’un cri de colère que rien ne peut contenir.

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