Marseille éclats et quartiers
« Marseille éclats et quartiers »
DURBEC Sylvie
(Jacques Brémond)
Marseille.
Eclats et quartiers.
Le titre intrigua le Lecteur. Lui dont sa relation à Marseille fut toujours compliquée. Passion et répulsion, peut-être.
Mais voilà qu’il s’est immergé dans l’œuvre de Sylvie Durbec. Ou, puisqu’il faut manifester un peu de rigueur, dans les poèmes qui sont autant d’approches de cinq quartiers de cette ville qui jamais ne cesse de regarder la mer. Cinq quartiers et les Îles. En partant de celui qu’il n’a sans doute, lui, le Lecteur, jamais traversé : Saint Jérôme. Le quartier de l’enfance de Sylvie Durbec. « Et je crois que mon enfance ressemblait à ces fleurs et à ces voitures mal garées, dans une confusion de magie et de vulgarité, comme les magnolias qui mouraient d’année en année davantage, parmi les draps qui séchaient. »
C’est par là que débute le cheminement dans la fascinante, dans l’extravagante cité, un cheminement qui ne respecte aucune règle, qui s’apparente plutôt à une errance, qui fait renaître des souvenirs dès que le regard se porte sur un reflet familier, qui évoque un peuple si éloigné des ordinaires caricatures, qui suscite des rêves insensés. Des rêves de départs vers des lointains qui accrochent le regard. Des navigations vers des proximités qui sont comme des bouts du monde.
« Presque aussi aventurée que naviguer vers If
serrée contre son père et baignée d’eau
pour celle dont la main s’immobilise
à la recherche de la surface et des mots
pour ici clore ma ville comme l’œil du cyclone ! »
Sa ville. Cette ville que Sylvie Durbec éclaire d’une musique qui pourrait être un oratorio, avec toutes ces voix humaines qui la subliment. Le livre est un joyau. Un superbe joyau.
« Voilà ce qui d’ici a valeur de vérité et de viatique
car on ne descend pas vers la mer
sans emporter avec soi tout un monde caché
de saints et de reliques de bricoles recollées
que la radio dévoile de temps en temps
et que la sciure recouvre le soir avant d’aller dormir
Ce sont bouts de ficelle et de sein
rubans téléphoniques
maquettes de journaux criées des matins et des marées
hommes et femmes en tout état de marche
jeunes et vieux
peuple somnambule descendu endormi de ses hauteurs aveuglé de lendemains
mais qui les devine solides comme les murailles des tours au-dessus de lui et que je vois »