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Lectures
7 novembre 2011

Cahier d'un retour au pays natal

césaire

"Cahier d'un retour au pays natal"
Aimé CESAIRE
(Présence Africaine)

La toute première rencontre du Lecteur avec Aimé Césaire. Une rencontre probablement vieille d'un demi-siècle! Et voilà qu'en cette année 2011, la réédition se propose à lui sur les rayonnages de son libraire habituel. Une oeuvre fondatrice. Une oeuvre qui accéléra son éveil, qui l'installa au beau milieu de l'autre monde, celui de l'exile forcé et de l'esclavage. Les Îles de la "présence" française qui côtoient l'Amérique. Les mots de Césaire, le Lecteur ne les avait pas tous oubliés. "Ce qui est à moi, ces quelques milliers de mortifèrés qui tournent en rond dans la calebasse d'une île et ce qui est à moi aussi, l'archipel arqué comme le désir inquiet de se nier, on dirait une anxiété maternelle pour protéger la ténuité plus délicate qui sépare l'une de l'autre Amérique; et ses flancs qui secrètent pour l'Europe la bonne liqueur d'un Gulf Stream, et l'un des deux versants d'incandescence entre quoi l'Equateur funambule vers l'Afrique..."
Les mots qui s'entremêlent, s'affrontent, se corrodent et renaissent sous des formes étrangères aux canons de la langue scolaire. De sa lointaine Martinique, si lointaine alors, beaucoup plus lointaine qu'elle ne l'est aujourd'hui, Aimé Césaire enseigna au jeune Lecteur l'usage d'une langue transformable, d'une langue non contrainte. Cette langue de la narration, de l'exaltation, du chant non confiné dans les limites de la religiosité littéraire.
"véritablement les fils aînés du monde
poreux à tous les souffles du monde
aire fraternelle de tous les souffles du monde
lit sans drain de toutes les eaux du monde
étincelle du feu sacré du monde
chair de la chair du monde palpitant du mouvement même du monde!"
La puissance du Souffle. Ce Souffle vital dont l'alors jeune Lecteur revint en ces années où lui manquaient tant de repères. Et voilà qu'un demi-siècle plus tard, il découvre, émerveillé, que le Souffle lui confère toujours cet élan sans lequel la vie n'a pas de sens.
"Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n'est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l'audience comme la pénétrance d'une guêpe apocalyptique. Et la voix prononce que l'Europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilences,
car il n'est point vrai que l'oeuvre de l'homme est finie
que nous n'avons rien à faire au monde
que nous parasitons le monde
qu'il suffit que nous nous mettions au pas du monde
mais l'oeuvre de l'homme vient seulement de commencer
et il reste à l'homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa faveur
et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l'intelligence, de la force
et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil tourne autour de notre terre éclairant la parcelle qu'a fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite."
"Cahier d'un retour au pays natal" fut publié pour la première fois en 1939.

 Le Lecteur greffe une vidéo incomplète et dont la qualité de l'image est aléatoire. Vous pouvez retrouver l'intégralité du film sur Youtube.

 
 
Aimé Césaire - Cahier d'un retour au pays natal

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