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Lectures
4 novembre 2011

Radio sauvage

radio

"Radio Sauvage"
Alain VEINSTEIN
(Seuil)

Un bouquin transgenre, qui tient des mémoires, du roman, du poème. Alain Veinstein? Vous ne connaissez pas? Vous n'avez jamais entendu sa voix? La voix des nuits de France-Culture. La voix des interviews des écrivains parmi les plus importants. La voix des lectures. La voix. Une vraie voix. Avec de vrais silences. C'est cette voix-là que le Lecteur a retrouvé dans "Radio Sauvage". Une voix qui parle clair, une voix qui murmure, une voix qui induit d'étranges et stupéfiantes musiques, une voix que l'on ne se contente pas d'entendre, une voix que l'on écoute. Puisque ce qu'elle a à transmettre vise à l'essentiel.
"Solide au poste
ce n'est pas que j'entende rien,
mais je n'entends rien. Rien.
Sinon un vague crépitement, oui,
quelque chose qui me crépite dans l'oreille.
Je me demande si c'est une voix,
l'une de ces voix dont on se souvient.
Je colle le poste contre mon oreille
pour en savoir plus,
pose à plat ma main gauche sur l'autre oreille,
mais je me retrouve Gros Jean comme devant,
personne, personne ne me souffle rien à l'oreille.
Je fais comme si j'entendais une voix,
mais je n'entends rien, rien,
ou ce que j'entends me laisse vide, insensible,
ne rime pour ainsi dire à rien.
De tous côtés, c'est l'extinction des voix."

La magie de la radio. Des temps révolus. Le constat surgit tout à coup. Impitoyable.
"Résultat: la radio n'est plus qu'un robinet à musique, entrecoupé de pubs et d'infos formatées à la façon du prêt-à-porter, qui marquent la cadence comme dans les galères romaines, de telle sorte que son écoute, dans notre société - si je mets de côté quelques bienfaisantes exceptions -, est le geste le plus accessoire qui soit.
 
Sans vouloir jeter du sel sur les plaies, laissez-moi vous dire que ce que j'entends ne m'ôte pas les cheveux blancs. Je suis, me semble-t-il, bombardé par la vulgarité, le vide et la répétition, par une radio qui, toutes stations confondues, s'adresse à moi en me tutoyant, en m'appelant presque par mon prénom, sans toutefois se soucier que je lui réponde, sauf quand sont sollicités à longueur d'antenne commentaires et opinions, que nous sommes invités à réagir et intervenir à fleur de peau par SMS ou par téléphone... L'auditeur est pressenti en permanence, mais ça ne va pas plus loin, c'est du faux-semblant, du comblement d'antenne, nous donnant sans frais l'illusion que nous existons. On fait de nous des copains, des potes, des amis, pour en réalité faire de nous des complices."

 

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