Sunset Park

"Sunset Park"

Paul Auster

(Actes Sud)

Un nouveau roman de Paul Auster. Un nouveau roman qui s'inscrit dans une oeuvre conséquente et qui l'éclaire non pas d'un jour nouveau, mais sous un autre angle. Dans celui-ci, l'histoire d'un jeune homme qui avait fui New York et sa famille, un confort certain et des études pour s'installer en Floride. Une vie nouvelle? Le rêve américain a ses limites. Miles (le jeune homme) s'éprend d'une jeune fille si jeune (à peine dix-huit ans) qu'il est très vite l'objet d'un chantage pour détournement de mineure. D'où la fuite dans l'autre sens, le retour à New York et l'installation à Brooklin dans une maison délabrée que squatte un de ses amis. Sur cette trame trop vite résumée, Paul Auster brosse un tableau particulièrement noir de la société américaine. Une société qui a perdu ses repères et qui se cherche des solutions alternatives que le système dominant récuse.

Le Lecteur est un familier de Paul Auster. Un quart de siècle, ça finit tout de même par compter. Il suit les parcours de l'écrivain américain, il s'y retrouve si souvent qu'il considère qu'il existe bien des analogies entre les deux sociétés, celle où il survit, la française, et celle qui est familière à Paul Auster. Il s'installe parfois de stupéfiantes connivences entre l'Ecrivain et son Lecteur. Des connivences qui, bien évidemment, échappent à l'entendement de l'Ecrivain mais dont le Lecteur tire d'évidents bénéfices. Dont ce goût si prononcé pour tout ce qui concerne les souffrances de l'espèce humaine.

"... mais s'il y a bien quelque chose qui continue à unir les masses fracturées de cette nation défunte, si l'opinion publique américaine est encore unanime sur une idée, c'est sur sa croyance en la notion de progrès. Il prétend que cette opinion se trompe, que les avancées technologiques des dernières décennies n'ont en réalité fait que diminuer les possibilités de vie. Dans une culture du jetable engendrée par la cupidité des sociétés commerciales mues par la recherche du profit, le paysage global est de plus en plus miteux, de plus en plus aliénant, de plus en plus vide de sens et de dessein unificateur."