Minuit dans une vie parfaite

"Minuit dans une vie parfaite"

Michael COLLINS

(Belfond)

L'écrivain inaccompli est, dans le même mouvement, un père qui ne s'accomplit pas. Qui devient nègre, non seulement pour survivre, mais aussi pour payer le prix prohibitif d'une grossesse assistée exigée par sa compagne. Encore que le roman ne se réduise pas à cette approche sommaire que s'autorise le Lecteur. Collins, qui est irlandais, est un observateur attentif des multiples travers de la société américaine. Désentravé, semble-t-il, de ses illusions. D'où le portrait sans concession d'un homme velléitaire dont les circonvolutions trahissent la peur d'aller jusqu'au bout de lui-même dans sa vocation d'écrivain. D'où une pertinente (?) réflexion sur le sens de la littérature américaine contemporaine. "Nous avons déraillé quelque part entre les deux Grandes guerres, ou pendant la Dépression... Depuis Steinbeck personne n'a été capable, pour dire ce qu'il avait à dire, de camper des personnages comme George dans "Des souris et des hommes" ou bien Tom Joad. A une époque de notre histoire, on a eu ce talent... ç'a été le génie de notre littérature, la langue de tout un peuple, pour le peuple, par le peuple. Mais les temps ont changé..."