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Lectures
10 avril 2011

Kaltenburg

Kaltenburg

 

 

"Kaltenburg"

Marcel BEYER

(Métailié)

 

Que Marcel Beyer se soit inspiré de la vie et de l'oeuvre (???) de Konrad Lorenz, rien de plus évident. Ludwig Kaltenburg fut en effet un éminent ornithologue. Qui s'intéressa aux corbeaux, corneilles, freux et autres volatiles au plumage noir. Qui vécut parmi eux et qui entretint avec eux d'étranges et passionnantes relations. Mais le fond du roman se situe dans un au-delà qui relègue l'histoire de l'ornithologue à une (banale?) anecdote. Le roman, c'est une tentative, plutôt bien aboutie aux yeux du Lecteur, pour expliquer comment un scientifique est parvenu à asseoir sa renommée tout en cohabitant avec les trois régimes qui constituèrent successivement la spécificité allemande: le nazisme, puis le communisme de feue la RDA, puis le capitalisme version démocratie inaccomplie. Sans jamais succomber aux délices de la caricature. En concédant à une tierce personne, l'un des collaborateurs de Ludwig Kaltenburg, la responsabilité de narrer des lambeaux de souvenirs, mais sans jamais respecter la chronologie historique. Des lambeaux qui surgissent, on ne sait trop comment, au fil de conversations. Des lambeaux qui s'entremêlent, qui s'éclairent l'un l'autre.

Voilà un roman qui plonge sans le moindre artifice dans la complexité de l'histoire contemporaine de l'Allemagne. Sans manichéisme. Voilà un roman qui indique le cheminement de quelques personnages dans l'infernal tumulte d'alors. Des personnages parmi ceux qui survécurent et qui furent des bâtisseurs de l'une et l'autre des deux Allemagne de l'après guerre. Ballottés au gré des idéologies. Dont le narrateur brosse un portait qui n'exige point d'être explicité. "J'appris à faire la différence entre des fonctionnaires entrés dans la résistance en 1933 et ceux qui devaient leur vision du monde à une rééducation intensive pendant leurs années de captivité. J'appris qu'on ne devait pas confondre le retour de Moscou avec le retour de Scandinavie, le retour du Mexique avec le retour d'un camp allemand....." L'histoire de ces temps d'une infinie cruauté émerge au fil des pages du roman à travers la vision d'allemands sur leur Allemagne révélée dans son extrême complexité.

 

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