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Lectures
15 novembre 2010

Effondrement

effondrement

"Effondrement"
Horacio CASTELLANOS MOYA
(Les Allusifs)

Le Lecteur a déjà exprimé tout le bien qu'il pensait de l'oeuvre de l'écrivain salvadorien ("Déraison" et "Le bal des vipères", chez le même éditeur). Ce nouveau roman ne fait que le confirmer dans son appréciation. Un roman à la structure très particulière, qui narre l'histoire d'une famille placée en équilibre instable entre le Honduras et le Salvador, avant, pendant, puis après la guerre qui opposa brièvement les deux pays.

Avant? Côté Honduras. L'épouse dominatrice séquestre son époux afin de lui interdire de participer aux épousailles de leur fille avec un ressortissant salvadorien (lequel époux séquestré est par ailleurs président du parti nationaliste qui détient le pouvoir). Castellanos Moya use alors avec brio d'une écriture théâtralisée (dialogues incisifs, entrecoupés d'indications pour une éventuelle mise en scène).

Pendant? 1969. Honduras et Salvador. La guerre éclate. Brève mais point trop sanglante. Le père et sa fille correspondent par les voies traditionnelles, pendant que la mère, nationaliste exacerbée, use comme elle le peut du téléphone pour, entre autres, accuser de vive voix sa fille de collusion avec l'ennemi (le Lecteur abrège!).

Après? Cet après s'articule autour de deux pôles: l'immédiat de l'après puis vingt ans après.

L'immédiat de l'après se situe en 1972. Toujours sur le mode la correspondance entre la fille et le père. Le Salvador va vivre sa tentative de putsch. L'époux de la fille est assassiné. La mère n'a toujours pas pardonné la trahison et, désormais, elle s'exaspère contre la volonté d'émancipation de la jeune veuve.

Vingt après? Honduras. La mégère se meurt. La mégère est morte. Le récit s'en revient à un mode plus classique, donc romancé. Castallanos Moya confie alors la narration à l'homme à tout faire de celle qui est devenue une bien vielle et sinistre dame. Un homme à tout faire qui est alors le témoin privilégié de l'effondrement.

Voilà bel et bien un roman d'une facture exceptionnelle. Un roman original, peu conforme à l'héritage littéraire des grands maîtres latino-américains. Une remarque à la marge mais qui induit l'idée que Catellanos-Moya est déjà un des nouveaux grands maîtres de cette littérature-là.

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